TAN JIAN CHUNG
Aujourd’hui, nous sommes à l’ère du numérique; internet tend à faire disparaître notre perception des distances et de nos repères face à un espace réel.
Ce qui nous conduit à un monde virtuel et mobile. Notre perception de l’espace s’est incontestablement altérée. Avec internet, nous associons mobilité et immobilité, sphère privée et sphère publique. Mon travail porte sur cette relation entre la sphère publique et la sphère privée, l'extérieur et l'intérieur. Dans ma démarche, j’essaie de redéfinir la relation que nous avons avec notre environnement. Mon opinion et mon expérience sont alors déterminantes quant à la relation entre le regard et les perceptions sensorielles. Le travail conduit à la contemplation, invitant ainsi le regard à entrer en scène.
Le processus de travail : au départ, j’essaie de développer une pratique qui pose une réflexion sur la relation "intérieur/extérieur". Depuis l'intérieur, le regard se pose sur l' extérieur, il s’agit de seuils à franchir entre deux états de perception, entre l'ombre et la lumière, le défini et l' indéfini, le "dedans" et le " dehors", entre le vide et le plein.
A partir de formes géométriques simples, je fabrique des boîtes légères pour bien montrer l’espace intangible et vide et pour regarder d’un espace à un autre, ces boîtes sont également symboliques. Elles ont en commun la même largeur pour mettre en évidence la sérialité et le système logique.
L’objet fabriqué écarte de suite une compréhension unique de sa fonction ou de son sens, mon travail est un objet d'art et aussi un produit utilitaire comme un autre, j' imagine des œuvres que l’on distingue difficilement d’un objet de design, d'un jouet ou d’une réalisation de maquettes architecturales.
En fait, l’objet reste disponible à l’utilisation du spectateur. Le regard est immatériel, mais l’objet pemet de le matérialiser. La conception et la réalisation de mon travail répond à une idée de jeu où perception et participation coexistent. Le jeu est aussi là pour apprendre le monde par le corps. Autrement dit, pour appréhender les espaces, il faut les regarder, les toucher, les manipuler, se les approprier, ce qui nous servira de laboratoire.
Dans ce jeu de construction, je considère le cube comme une unité d’espace, un module, une cellule; tous peuvent se combiner, nous pouvons les construire à la fois en traversant l’espace intérieur et vide et pour regarder l’espace extérieur. Je propose un jeu où les spectateurs pourraient tenter l'expérience. L'action du spectateur fait partie du processus du travail. Le passage d'un espace à un autre est perçu différemment par chacun et conduit aussi à différentes lectures.
Je pense que ce jeu développe l'imagination par la manipulation des espaces du vide pour que le langage se constitue et se continue sans fin. L’objet devient forme plastique visible et fait partie de l’actualisation de l’œuvre, le but de jeu est surtout d'établir un contact, une relation, une communication.